Biche de Ville veut des rides

Quand on parle de la pédale de Bruxelles communautéil faut mentionner Biche de Ville. Cette artiste se définit comme une poétesse punk transféministe non binaire.

Le dernier single de Biche de Ville est "Rides", c'est-à-dire des rides où ils s'attaquent à la musique l'industrie et le règne de l'âgisme et du sexisme. Pour elles, il n'y a pas qu'une seule façon d'être belle, talentueuse ou de réussir et elles sont déterminées à le faire savoir. Le message que Biche de Ville fait passer sonne juste quelques semaines après qu'un commentateur de radio français ait déclaré à l'antenne que les artistes devaient être jeunes et beaux et que ceux qui ne l'étaient pas devaient simplement écrire pour les autres. L'artiste queer Hoshi a été prise en exemple en disant qu'elle faisait peur et que personne n'accrocherait un poster d'elle dans sa chambre réduisant ainsi la musique à sa seule image. L'artiste a reçu un soutien massif sur les médias sociaux. Au magazine KET, nous sommes également de cet avis. C'est pourquoi Benjamin a contacté Biche de Ville pour lui poser quelques questions sur "Rides" et "Kevin", le nouvel album qui sort avec l'aide d'une équipe de journalistes. crowdfunding :

Biche de Ville, pouvez-vous nous parler de "Rides" ? 

RIDES évoque un désir ardent de voir les rides sous les projecteurs et dénonce notre société patriarcale où les injonctions faites aux femmes (mais aussi aux minorités et aux hommes) sont légion, où le sexisme et l'âgisme font loi. Nos corps et nos vies ne sont pas figés à 25 ans. Le vieillissement existe, il est naturel et merveilleux. Ces traces de notre expérience doivent être glorifiées et non effacées par des filtres ou des opérations chirurgicales. Nous avons besoin de représentations de femmes quel que soit leur âge dans les médias, dans la culture, sur les médias sociaux, partout ! Du culte de la plastique, il est temps de passer au culte de l'authenticité.

Nous vous avons vu dans les médias, interrogé sur la controverse sur le français Hoshi. Nous pensons que votre message corrobore le soutien à l'artiste. Êtes-vous d'accord ?

Complètement ! Je suis un transgenre non binaire, j'ai 37 ans et ma musique est engagée, donc je peux vous dire que je ne réponds pas du tout aux normes de l'industrie musicale. Je pense que ça a commencé à péter les plombs à partir du moment où on a associé industrie et musique, en exigeant quelque chose d'authentique, de politique, de révolutionnaire, de créatif, d'instinctif, de passionné pour devenir bankable, attractif, et surtout pour être lucratif ! ! STOP à la date de péremption qui plane au-dessus de nos têtes ! STOP à l'invisibilité des femmes et des minorités ! STOP au racisme, à l'âgisme, au sexisme, à l'homophobie, à la transphobie décomplexée dans l'industrie musicale et dans les médias. La révolution est en marche, nous avons besoin d'origines, de genres et d'âges différents sur scène, pour nous identifier à d'autres modèles.

Vous avez un album en préparation et un crowdfunding pour aider à lancer le projet. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? 

" KEVIN " est mon premier album, un album dans lequel j'aborde le féminisme, le consentement, la transidentité, la question du genre, l'écologie, le racisme, le sexisme,... Il sera réalisé par une entreprise locale et avec des matériaux recyclés. C'est un album qui a du sens. J'ai choisi de le sortir de manière indépendante, ce qui me donne la liberté de dire ce que je veux et comment je le veux. J'ai vraiment envie d'avoir un label mais comme l'occasion ne s'est pas encore présentée, je le fais quand même au lieu d'attendre. Cependant, si je veux bien faire les choses, cela a un coût, donc le crowdfunding est la solution idéale pour trouver les fonds nécessaires surtout en période de crise comme maintenant, où je n'ai pas la possibilité de monter sur scène et de gagner de l'argent en faisant mon métier. Cela donne également à mon public la possibilité de me soutenir d'une autre manière et la démonstration d'amour qui en découle est énorme.

Pouvez-vous nous expliquer votre parcours d'artiste ? 

Oh la la, vous avez la journée ? ! Je suis diplômée du Conservatoire Royal de Bruxelles, donc à la base je suis une actrice de cinéma et de théâtre. En quête de sens et pour pouvoir payer mon loyer, j'ai exercé une multiplicité de métiers tels que professeur de hip-hop et de philosophie, mannequin de lingerie, MC techno et performeuse visuelle pour la Fondation Sonore. J'ai également réalisé un long métrage intitulé "Veux Moi", dont la première a eu lieu au Porn Film Festival de Berlin et qui est actuellement diffusé dans toute la Californie. Je fais de la poésie depuis que j'ai appris à écrire et j'ai toujours rêvé de chanter mes chansons sur scène. J'ai eu plusieurs petits groupes qui n'ont jamais réussi à franchir la porte du garage. Un jour, j'en ai eu assez d'attendre de trouver la bonne personne pour composer ma musique, alors j'ai décidé de le faire moi-même et me voilà. 

Nous étions à la manifestation de Bruxelles pour soutenir David Polfliet tué à Beveren en mars. Nous t'avons vu réciter un poème lors de cet événement. Pouvez-vous nous dire en quoi il est important pour vous d'être impliqué dans la communauté queer de Bruxelles ?

C'était un moment incroyable pour moi ! Cela faisait longtemps que j'essayais de trouver ma place dans la communauté, mais je ne me sentais pas légitime. On me disait parfois que je n'étais pas assez queer pour représenter la communauté. Bon sang, il y a plus d'une façon d'être queer ! !! J'ai découvert ma non-binarité l'année dernière, c'était une évidence pour moi de faire mon coming out. J'en parle beaucoup sur les médias sociaux, ce qui m'a enfin permis de découvrir une vraie famille. Quand on m'a demandé de lire un texte pour cet événement, c'était un honneur pour moi. Même si j'étais encore fragile physiquement de mon opération, je me devais d'être là. Au moment de dire mon texte, ma chanson, que je connaissais depuis longtemps puisque je l'avais écrite pour soutenir mes amis LGBTQI + il y a deux ans, tout le sens m'a explosé à la figure. J'ai réalisé que je parlais de moi, que je racontais mon histoire. Ce jour-là a été une petite naissance pour moi et j'ai éclaté en larmes de joie juste après.

Le magazine KET parle aussi de Bruxelles. Pourriez-vous dire aux lecteurs du magazine KET quelque chose de notre ville qui la rend spéciale pour vous (lieu, souvenir, sentiment, conseil, ...) ?

Je vis à Bruxelles depuis presque 20 ans, plus de la moitié de ma vie, c'est ma maison. J'y ai vécu toutes mes premières fois. Choisir une seule histoire ou un seul endroit serait impossible. J'habite depuis longtemps dans le centre-ville et j'éprouve un sentiment très particulier lorsque j'y marche. Des souvenirs de fêtes, de danse, d'amour, de rupture, de rendez-vous merdiques sur Tinder, de soirées trop arrosées... Laissez-vous porter par Bruxelles, quand vous ne savez pas où vous allez, elle sait où elle vous emmène. Bruxelles c'est comme ce mec que tu n'arrives pas à quitter, tu sais que parfois ça fait mal mais en même temps c'est tellement bon que tu ne peux pas t'en passer ... 

Soutenez la sortie de l'album de Biche de Ville en participant au crowdfunding :

https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/kevin-premier-album-de-biche-de-ville

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