Os, pinceaux et esthétique queer : Iris Marchand dévoile des récits corporels à la galerie EDJI

"J'ai pleuré quand j'ai lavé mon premier os. marque la première exposition solo d'Iris Marchand en Belgique, à la galerie EDJI, rue du Page 15, 1050 Bruxelles. En présentant ses dernières œuvres en peinture, dessin et céramique des derniers mois de 2023, Marchand introduit un nouveau lexique corporel axé sur les structures squelettiques, les épines, les restes et, surtout, les os.

Le titre, "J'ai pleuré quand j'ai lavé mon premier os". est une révélation poignante, offrant un aperçu émotionnel d'un souvenir lointain fait de larmes, d'os et de purification. Lors d'un entretien avec GUS Magazine, Iris a fait part de l'inspiration qui a présidé à la création de ce titre, "C'est l'histoire d'un travail structuré, d'une colonne vertébrale en devenir qu'Edouard et Ranji (EDJI Gallery) me donnent l'occasion de mettre en valeur".

L'exposition d'Iris, caractérisée par des matériaux modestes tels que des draps de lit, du carton et des céramiques, constitue un ensemble d'œuvres intimes qui transcendent les espaces physiques et émotionnels.

Dans les tableaux de cette exposition, Iris travaille sur trois couches de figuration : le paysage, le corps et les os", explique l'article. Ces os sculpturaux, taillés dans le gesso, servent à la fois de support et de bouclier, ajoutant une dimension profonde aux formes corporelles représentées. Les figures émergent à travers des lignes gestuelles audacieuses, accentuant les nuances de la chair qui se contorsionne, des mains souples et des rides qui s'incrustent.

Ce sont notamment des draps de lit anciens qui servent de toile à ces peintures, imprégnant les œuvres d'art d'un riche spectre chromatique et d'une histoire corporelle unique. Lors de l'entretien, Marchand s'est exprimé sur ce choix, décrivant les draps comme suit "des supports et des réceptacles pour le corps, sa chair, sa sueur et sa substance."

L'exposition présente également des diptyques intitulés "Attitudes anatomiques 1, 2 et 3". offrant un rythme qui rappelle la contemplation réfléchie. Ces arrangements représentent des os et des corps sur un fond de carton or foncé mat, créant une organisation couplée qui évoque la cadence de la pensée.

La qualité sculpturale du gesso prend d'autres dimensions grâce aux céramiques, aux portraits en mosaïque et aux reliques osseuses présentées sous diverses formes. L'exposition présente une chorégraphie cosmique avec des épines en céramique empilées par intermittence sur des chaînes métalliques, descendant du plafond et s'élevant du sol.

Dans ses mains, qui figurent en bonne place dans son art, l'engagement d'Iris à remettre en question les normes de genre est évident dans les corps non sexués qui y sont représentés. Lors de l'entretien, elle a expliqué, "Les mains ont toujours été pour moi un objet d'étude. C'est une partie du corps qui peut se détacher, que l'on peut regarder et décrire comme s'il s'agissait d'une autre partie du corps.."

Au fur et à mesure qu'Iris évoque son processus artistique et les défis qu'elle a relevés, un thème de constante redéfinition de soi émerge. La quête d'équilibre de l'artiste entre le personnage défini par l'art et celui perçu par le public ajoute des couches à son parcours créatif.

L'exposition "J'ai pleuré quand j'ai lavé mon premier os" d'Iris Marchand à la galerie EDJI se prolonge jusqu'au 10/02

https://www.edjigallery.com/

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