Ce mardi 4 octobre, Bruxelles aura officiellement un pont de plus - une passerelle, pour être exact - qui enjambe le canal, reliant Tour et Taxis à la Gare du Nord.
Cette nouvelle œuvre d'art, d'importance stratégique, n'a pas été placée là par hasard - elle raccourcit le temps de traversée à pied et à vélo pour les navetteurs qui vont de la Gare du Nord à Tour et Taxis. Mais surtout, elle permettra de désenclaver les logements qui poussent comme des champignons dans ce quartier en pleine mutation.
Dans les années à venir, la passerelle sera également utilisée pour le passage d'une nouvelle ligne de tramway, en plus de la voie de bus qu'elle accueillera dès son ouverture.
Hommage à un pionnier de la cause LGBTQ
Au-delà de la réduction de la fracture nord-sud souvent attribuée au canal, le nouveau pont rend hommage à un pionnier LGBTQ de Bruxelles.
La passerelle porte le nom de Suzan Daniel, une pionnière de la défense des droits des personnes LGBTQ en Belgique.
Née en 1918, Suzan Daniel est devenue la première femme critique de cinéma en Belgique. Si son nom de naissance est Suzanne De Pues, son pseudonyme est inspiré du prénom de l'actrice Danielle Darrieux.
Active dans la communauté homosexuelle de Bruxelles dans les années 1930, elle devient progressivement le chef de file d'un mouvement qui cherche à obtenir la reconnaissance publique des personnes homosexuelles.
En 1953, Suzan Daniel participe au Comité international pour l'égalité sexuelle à Amsterdam. À son retour des Pays-Bas, elle décide de fonder le Centre culturel belge (CCB) - le premier groupe pédé officiel de Belgique. Le CCB organise des événements sociaux et culturels pour la communauté homosexuelle de la ville.
Suzan Daniel a cherché à se concentrer davantage sur l'activisme politique, mais elle s'est heurtée à une résistance au sein de son mouvement, souvent due au sexisme dont elle a été victime dans une organisation dominée par les hommes. Suzan s'est donc retirée des activités du CCB.
En 1954, le CCB est rebaptisé Centre de loisirs et culture par les hommes restants, et devient progressivement francophone et axé sur les hommes.
En 1996, un Fonds d'archives LGBTQ a été créé et nommé en hommage à Suzan Daniel.
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